Actuellement, de nombreuses personnes venant d’Afrique ou du Moyen-Orient souhaitent venir en Europe pour trouver du travail, une vie meilleure, ou pour fuir la guerre ou la misère.
Alors que les Français et Européens sont libres de voyager et travailler presque partout dans le monde, ces personnes n’ont souvent pas le droit d’entrer dans notre pays.
Les frontières sont bloquées, car certains pays trouvent qu’il y a trop de migrants. Cependant, ils essaient quand même, car ils n’ont pas le choix.
Voici le témoignage d’une militante pour l’accueil des migrants :
Isabelle, infirmière, a passé 3 jours avec une association à la frontière italienne.
Elle raconte cette expérience.
Vintimille se situe en Italie, tout près de la frontière française.
« L’association allemande Kesha Niya s’occupe de l’accueil des migrants en Europe.
Avec l’association française Roya-Citoyenne, ils organisent un point d'accueil
près de la frontière entre la France et l’Italie, à Vintimille,
où essaient de passer de nombreux migrants.
Depuis des années, des centaines de personnes sont repoussées
par les douaniers et les policiers,
laissées seules sans abri et sans nourriture, dans des conditions inhumaines.
Avec une amie, Marylaine, nous avons décidé d’aller aider ces associations
de soutien aux migrants à Vintimille.
Nous avons d’abord organisé une collecte de vêtements chauds, de nourriture,
de médicaments et d’argent pour les leur apporter dans notre voiture.
Puis nous nous sommes rendues en Italie, un samedi de janvier,
dans la maison louée par l’association allemande, à quelques km de Vintimille.
Il y avait dans cette maison 9 jeunes bénévoles, allemands, français, polonais, hollandais, et africains.
Ces jeunes semblaient fatigués, ils étaient restés toute la matinée dans le froid à la frontière.
Audrey, allemande, parlant bien le français, a répondu à nos questions.
Tous parlent plusieurs langues !
Le repas du soir ensemble est un moment de partage,
suivi d’une réunion pour discuter de la situation à la frontière.
La langue utilisée est l’anglais, c’était difficile pour moi de comprendre.
Un canapé nous a été prêté pour la nuit.
Le dimanche, avec Yves nous nous rendons à la gare de Vintimille
avec du café, du thé, du pain et des gâteaux.
Nous voyons beaucoup de policiers mais pas de migrants.
Nous allons sur la plage de Vintimille, où un groupe d’hommes
s’est abrité du froid sous l’auvent d’un bar fermé.
Quand nous nous approchons d’eux, ils ont peur,
Yves tente de les rassurer. Certains acceptent une boisson chaude.
Un homme âgé est content de revoir Yves qu’il avait déjà rencontré
lors d’un de ses précédents séjours sur place.
C’est un Tunisien qui vit comme SDF sur cette plage,
car il ne parvient pas à entrer en France.
Nous nous rendons ensuite sur un parking près d’un pont
où des associations distribuent des repas tous les soirs.
Il y avait sous ce pont un grand campement de migrants
qui attendaient de passer la frontière.
La mairie de Vintimille l’a fait détruire.
Nous y trouvons, un peu cachés autour d’un petit feu,
quatre jeunes venus de Somalie.
Nous leur proposons des boissons chaudes et du pain.
Ces hommes sont heureux d’échanger avec nous en français ou en anglais.
Nous les quittons après un salut chaleureux.
Enfin nous allons dans un lieu d’accueil près de la frontière
tenu ce dimanche après-midi par des militants Italiens.
Il pleut, ils ont installé une grande bâche
pour faire un abri au bord de la route.
La vue sur la mer entre Vintimille et Menton est magnifique,
en décalage les drames humains qui se jouent ici.
Le lendemain, après quelques courses et après avoir rempli
de gros bidons d’eau pour la journée, nous allons à notre tour,
avec Marylaine et Clara, nous occuper de l’accueil des migrants
près de la frontière.
Il a plu beaucoup toute la matinée et il fait très froid.
Nous garons le fourgon au bord de la route et déchargeons
tout le matériel nécessaire pour la journée (eau, bâche, vaisselle,
réchaud, vêtements de rechange, quelques affaires de toilette,
alimentation, batteries pour les téléphones…).
Nous installons la bâche comme nous pouvons avec la pluie et le vent,
elle est tendue entre les arbres et soutenue par quelques piquets,
ce n’est pas très stable.
Les premiers migrants arrivent, ils ont froid, nous nous dépêchons de faire
du thé et du café.
Nous surveillons l’horaire des bus pour Vintimille,
nous leur donnons des tickets de bus pour Vintimille à 8 km.
Nous devons faire signe au chauffeur qui ne s’arrête pas
si les migrants sont seuls.
Ces hommes migrants vont tenter plusieurs fois de franchir la frontière
pour entrer en France par le train, par la route, ou à pied par la montagne…
Ils finiront certainement par y arriver, et seront remplacés par d’autres.
De cette matinée, je me souviens de quatre jeunes mineurs iraniens,
d’un homme trempé et pleurant, de visages souriants malgré le froid et la fatigue.
Ces personnes me semblent si fragiles et si fortes à la fois,
avec des vies si terribles. Nous avons aussi croisé sur la route
une famille avec des enfants en bas âge.
Nous donnons des vêtements secs, mais ils n’ont pas d’endroit pour se changer.
Des voitures italiennes passent devant notre abri sans regarder,
d’autres s’arrêtent, donnent des vêtements, des chaussures, des parapluies,
de la nourriture et des paroles réconfortantes.
Clara tient le compte des personnes accueillies (pas de femmes ce jour),
elle note les nationalités et les âges.
L’association Kesha Niya essaie également de noter les infractions
commises par la police aux frontières (PAF) au vu du droit international des étrangers
(les migrants mineurs ont le droit de venir par exemple,
certains ont des papiers, mais ils ne peuvent pas passer,
et il peut y avoir des violences…)
Après avoir préparé et distribué un repas chaud,
nous sommes remplacées par l’équipe d’après-midi.
Nous rentrons, trempées et fatiguées, très émues !
L’après-midi nous trions et rangeons tous les médicaments,
les produits de toilettes et produits pour bébé récoltés par l’association.
Après le repos, et un repas partagé, la soirée est complétée par une réunion.
Mon mauvais anglais me permet de comprendre un peu, parfois on me traduit en français.
Le lendemain après-midi nous retournons à la frontière avec Léa et Ousman.
Lui vient de Gambie, en Afrique, et s’est blessé la cheville.
Il est hébergé par l’association, donne des coups de mains.
Il repartira quand il sera guéri. Il vivait en Allemagne
avec un projet d’insertion professionnelle, il apprenait la langue allemande.
Il avait compris qu’il devait faire des papiers en Italie.
Erreur, maintenant on ne le laisse plus passer...
Ces mauvaises informations mettent en danger ces femmes
et ces hommes aux vies déjà si compliquées.
Le temps est meilleur, pas besoin d’installer la bâche.
Ce matin, un jeu de dames a été installé, cela occupe et détend
les migrants de passage. Nous distribuons boissons, alimentations,
masques, mouchoirs, vêtements….
Des journalistes viennent enquêter sur les démarches effectuées
par les migrants mineurs, nous discutons avec eux.
Une équipe de Médecins du Monde de Nice vient proposer des soins
à ceux qui en ont besoin.
Le bus de 18h ne passe pas ! je fais plusieurs trajets vers Vintimille
pour emmener les migrants avec notre fourgon.
Les contacts sont chaleureux, je leur souhaite bonne chance.
Dans la soirée, Héléna et Yanco arrivent d’Allemagne
avec une collecte importante d’argent
qui permet de faire des achats de vêtements chauds et de nourriture.
Départ pour nous le lendemain, quelques courses au marché de Vintimille
puis un au revoir à aux jeunes bénévoles de l’association.
Nous apprenons quelques jours plus tard qu’Ousman a réussi
à rentrer en France !
Bonne chance pour sa route vers l’Allemagne ! "
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