catégorie: Des animaux
La politesse des animaux
La politesse des animaux
Publié le 08/02/2025

J’aime bien la science-fiction.

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C’est pourquoi, par exemple,  j’ai adapté :

  • des nouvelles pour la collection Futurs Simples chez Arkuiris

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  • le roman 1984 de George Orwell pour qu’il soit plus facile à lire.

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Le journal en ligne Reporterre a publié une nouvelle de science-fiction.

L’histoire qui s’appelle « La politesse des animaux » m’a plu.

Reporterre, et l’auteur de cette nouvelle, Camille Brunel,  m’ont autorisée à l’adapter

pour qu’elle soit plus facile à lire, avec un vocabulaire plus simple,  des phrases plus courtes.

Je les en remercie.

 

lire la fiction sur le site de Reporterre >>>>> 

 


 

 

La politesse des animaux 

de Camille Brunel  

 

adaptée en « facile à lire et à comprendre »

par Cécile Péguin.

 

 

Depuis toujours, les humains ont rêvé de comprendre le langage des animaux.

Depuis plus de mille ans, des scientifiques ont étudié le langage 

et le comportement des animaux.

Il a fallu des siècles pour arriver à bien comprendre les animaux.

Dans les années 3200, l’humanité s’est adaptée au nouveau climat. 

Les villes ont été abandonnées. 

Nous avons appris à vivre avec les animaux, à les respecter, à les comprendre.

Des professionnels, comme moi, sont devenus interprètes en langage animal.

Depuis quatre ans, je travaille à la SNSA, 

la Société Nationale de Secours aux Animaux.

 

Je me suis endormi sur mon canapé, seul, 

assommé par la bouteille de vodka que j’ai bue hier soir. 

Ma lapine Sana, née en 3218, réclame des caresses.

C’est l’été, la saison étouffante.

– Bonjour Sana, dis-je à l’animal.

Elle saute à mes côtés, me lèche le visage.

– Tu as bien dormi, mon lapin ?

Je comprends alors que ce n’est pas elle qui m’a réveillé, 

mais la sonnerie d’alarme  me signalant un nouvel échouage.

Un échouage est la situation d'animaux marins qui ne peuvent plus nager,

car ils sont posés sur le sol au bord de la mer.

Cela peut arriver à des baleines, des dauphins,

qui se perdent, ou qui sont perturbés par des bateaux.

 

 

L’alarme signale des dauphins échoués dans les sables mouvants 

près du Mont-Saint-Michel. Je dois partir en Normandie.

 

Je découvre, sur place, des dizaines de grands corps gris des dauphins, 

allongés sur le sable.

Des barrières de sécurité ont été disposées autour pour les protéger.

J’entre, une personne m’arrête, et me demande de reculer.

"Je suis là pour la SNSA, dis-je en présentant une carte officielle,

on m’a  contacté pour vous expliquer que ces animaux ne doivent pas

rester seuls." 

Sur le sable mouillé, les dauphins paniquent.

 

 

 

Autrefois, dans les années 2000, on s’interrogeait sur leurs sentiments, 

on pensait que les animaux ne ressentaient pas les choses comme nous.

Leur corps étant si différent des nôtres, pourquoi pas leurs émotions ?

De nos jours, nous pouvons mieux les comprendre.

 

"Ces animaux sont en train de souffrir, il faut les réconforter."

Je m’avance vers l’un des dauphins, au corps long comme celui d’un cheval, 

mais lisse, parfaitement lisse.

On dirait un cheval sans ses jambes, bloqué sur le sable. 

Son œil est large, rond et noir, tout s’y reflète, même mon visage.

"Bonjour, lui dis-je, je regrette terriblement ce qui vous arrive."

Disant cela, je pose ma main sur sa tête. Il ne se crispe pas. 

Mes intonations le rassurent. Je le préviens :

"Je vais crier dans un instant. Il ne faudra pas s’inquiéter."

L’animal ne comprend pas ce que je dis, je le sais bien. Mais ce que je sais aussi, 

c’est qu’il a reconnu en moi un ami, pas une menace.

"Amenez-leur de l’eau, enfin !! Des couvertures trempées ! De l’eau !! 

Et parlez-leur !  On ne soigne pas un animal en restant muet,

ou en ne parlant qu’aux personnes autour d’eux. 

Parlez-leur ! Jouez-leur de la musique ! 

Montrez-leur que vous êtes avec eux !"

 

Il y a quelques années, un rhinocéros s’était aventuré dans les rues de Ljubljana, 

une ville déserte comme toutes les villes maintenant. L’animal était blessé.

 

Il savait que les humains pouvaient l’aider, le soigner.

En l’an 2000, on s’étonnait de voir les éléphants blessés se rapprocher 

des vétérinaires, ou les baleines blessées se rapprocher des bateaux.

Aujourd’hui, certains humains doutent encore de la conscience des animaux 

qui cherchent notre secours. 

Mon métier, c’est d’expliquer la conscience animale.

 

À Ljubljana, le rhinocéros terrifiait tout le monde, en dépit de sa blessure 

visible au crâne. 

Quelque chose avait dû lui tomber dessus, peut-être un rocher, ou un vieux mur. 

Son œil gauche saignait abondamment. Il avait peur et, dans sa panique, 

il effrayait tout ce qu’il croisait.

 

Je suis arrivé par hélicoptère, je lui ai envoyé une dose de calmant avec un fusil.

Avec les autres membres de la SNSA, je lui ai passé un masque autour du crâne, 

sans trop le serrer pour ne pas appuyer sur la plaie. 

ne voulait pas s’allonger.   Nous lui avons parlé. 

Je lui ai même joué un peu de musique, j’avais sur moi un kalimba, 

petit instrument de métal et de bois dont les notes sont capables d’apaiser 

tout ce qui peut les entendre. 

 

Cela n’a pas été facile, mais l’animal s’est détendu. Il s’est allongé. 

Nous avons pu l’opérer.

C’était une femelle de 38 ans. Elle avait déjà croisé, à plusieurs reprises, 

le chemin des humains. Tout avait été enregistré dans sa puce.

 

 

 

De nos jours, les humains ne sont pas fiers :  

ils ont pris tant de place aux animaux, 

ils ont tué tant d’animaux que beaucoup ont disparu.

Maintenant, tous les animaux vivants sur Terre sont enregistrés sur nos machines, 

avec leur nom, leur date de naissance, leurs déplacements.

Ils portent une puce électronique sous la peau pour nous permettre 

de retrouver les informations. 

Techniquement, nous les connaissons tous.

 

Le dauphin que je caresse est une femelle âgée de 25 ans. 

Elle s’appelle Rebecca, même si elle ne le sait pas. 

Nous connaissons le langage de son clan, depuis environ 50 ans.

Elle regarde autour d’elle, sur la plage, les enfants qui viennent

au secours des autres dauphins : les humains petits font moins peur.

C’est pourquoi je demande souvent à des enfants de m’aider.

Les enfants sont les meilleurs ambassadeurs de notre espèce. 

Ils parlent. Ils racontent. Ils jouent. Ils apaisent.

 

Je fait écouter à Rebecca les sifflements de son clan que j’ai enregistrés. 

Elle les reconnaît. Elle ne sait pas comment je peux lui parler sa langue,

mais, comme les enfants, elle sait maitriser sa peur, puis elle s’apaise. 

Son rythme cardiaque diminue,  comme son stress.

 

Cinq heures plus tard, la marée est remontée. 

Les enfants ambassadeurs ont enfilé des gilets de sauvetage, 

ils sont restés près des dauphins jusqu’à ce tous repartent dans la mer.

Les dauphins se rappelleront des humains bons, aimants, calmes et bien élevés, 

qui les ont aidés à attendre la marée.

 

Il y a mille ans, pour comprendre les animaux, 

devions observer leurs crottes. 

Afin de protéger les troupeaux de moutons, 

nous laissions de grosses crottes fausses, 

pour faire croire au loup qu’un grand animal très fort passait par là. 

Cela faisait peur au loup qui s’éloignait.

 

Pour informer les baleines du passage de nos bateaux de course ou de commerce, 

nous diffusions des bruits très fort. 

Cela leur faisait peur et permettait d’éviter les accidents, 

mais cela provoquait de l’angoisse dans la mer. 

Les animaux avaient toujours très peur de nous.

 

Mille ans ont passé : l’heure est aux interprètes.

Traduire le comportement des animaux n’a rien de compliqué, 

mais il a fallu mille ans d’études pour que la SNSA soit enfin reconnue.

Nous pouvons enfin communiquer avec les animaux

sans leur faire peur.

 

Les dauphins sauvés, des curieux me demandent 

comment je suis devenu interprète.

J’ai l’habitude de cette question. 

réponse est toujours la même, déjà publiée dans les journaux. 

Je ne manque jamais une occasion de la partager.

Si nous voulons apprendre aux animaux que nous sommes bons, 

il faut enseigner aux humains que nous pouvons l’être.

 

– J’étais plongeur en Norvège, auprès d’un clan d’orques. 

 

 

Nous commencions à comprendre leur langage. 

Je travaillais auprès d’eux pour étudier leur façon de vivre. 

Un soir, une orque femelle a nagé vers moi et m’a tendu 

un poisson à moitié croqué. 

Tous mes collègues se sont éloignés ; moi, non. 

J’ai retiré mon masque, et j’ai croqué dans le poisson. 

Dans les jours qui ont suivi, la femelle ne s’adressait plus qu’à moi.

J’ai compris alors ce qu’il fallait pour de bonnes relations avec les animaux : 

de la politesse. 

Cela faisait des siècles que ces orques nous proposaient de partager 

leur nourriture, et que nous nous y refusions. 

Ce n’était pourtant pas compliqué.

 

Ils nous a fallu des siècles apprendre à respecter le consentement des chiens, 

qui n’aiment pas être caressés par tout le monde, tout le temps ; 

pour comprendre l’intelligence des ours, capables de faire la différence 

entre des gens méchants et les habitants des bois. 

Les humains ont appris à croiser le chemin des ours sans avoir peur, 

et les ours n’ont plus peur non plus.

 

Dans les villages d’Afrique, les sorciers savaient guider les animaux sauvages

sans violence. Ils utilisaient la politesse. Nous l’avons enfin compris.

 

Aux enfants qui ont peur des chats, je leur dis : soyez polis. 

Proposez-leur de vous sentir les doigts. 

Proposez-leur de vous sentir le nez, comme les chats le font entre eux. 

Traitez-les bien. 

Laissez-leur de la place pour vivre. Ils sauront vous remercier.

 

 

Je dois aller demain dans un quartier de ma ville où les corneilles semblent 

attaquer les passants.

Je n’ai qu’un seul conseil à donner : parler leur calmement, poliment. 

Un animal qui hurle présente un danger. Un animal calme n'est pas dangereux.

Dites-leur : "Je ne te veux pas de mal."

Les corneilles, comme les ours, savent faire la différence entre un humain méchant

et une personne simple. Et elles se souviennent des visages.

 

 

 

Il faut veiller au bien-être psychologique des animaux, 

respecter leur vie émotionnelle comme la nôtre, 

parler poliment avec eux.

Avec ce petit effort, le futur sera plus beau.

 



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