catégorie: Croc Blanc
Croc Blanc – Chapitre III – 3
Croc Blanc – Chapitre III – 3
Publié le 17/05/2018

L’ enfance  de  Croc-Blanc

1/

Le petit  louveteau gris  ressemblait  à son père  le loup,  alors  que  ses  frères  et sœurs  étaient  un peu  bruns  comme leur mère.

Durant  les premières semaines  de sa vie,  le louveteau  n’ouvrit  pas  les yeux.   C’est  seulement  par  l’odorat,  l’ouïe  et  le toucher  qu’il  commença  à  connaître  le  monde  qui l’entourait.

 

Il jouait  avec  ses frères et sœurs  dans  l’obscurité  de la grotte.  Il  s’entraînait  à  grogner  comme un loup.  Il apprit  à reconnaître  sa mère,  surtout pas  son odeur,  sa douceur,  et  le goût  de son lait.

Il aimait  sentir  sa langue  fraîche  aller et venir  doucement  sur son  petit corps.  Cela  l’endormait.

Peu à peu,  ses yeux  s’ouvrirent.  Il aperçut  l’entrée  de la caverne  et  se sentit  attiré  par la lumière.  Un peu plus tard,  il essaya  de ramper  vers la sortie,  suivi  de ses frères  et sœurs.  La louve  les retenait  en arrière  à  coups  de langue  et de dents.

Le  petit louveteau  compris  qu’à  chaque fois  qu’il tentait  de s’éloigner,  il recevait  des coups  de museau  sur son petit corps,  qui  le  faisaient  rouler  à  l’intérieur  de  la  grotte.

 

 

C’était  un fier  petit louveteau,  carnivore  comme tous les loups.  A  l’âge  d’un mois,  il commença  à manger  de la viande  que sa maman  mâchait  puis déposait dans sa bouche.

Il était  le plus fort  et le plus courageux  des petits.  C’est lui  qui apprit  le premier  à se servir  de sa gorge  pour  grogner  comme son père,  à donner  des coups  de pattes  pour  se bagarrer  avec ses frères.  Il leur  mordait  l’oreille,  les faisait rouler  par  terre  et  les piétinait  en grondant.

 

2/

Le  petit  louveteau  gris  était  le  plus  pressé  de  sortir  de la grotte.  Il  était  très  attiré  par la lumière  du  jour   mais  il  ne  savait  pas  ce  que  c’était.  Il  ne  comprenait pas  comment  son père,  qui partait  chasser  tous les jours,  pouvait  disparaître  dans  cette lumière.

Comme  il n’avait pas  le droit  d’aller  vers la sortie,  il essayait  de  partir  dans  d’autres directions  mais  il se cognait  contre  les murs  de la caverne et  se faisait mal  au nez.

Hélas,  le petit louveteau  connut  bientôt  le pire  ennemi  de  tous  les animaux  du  Grand Nord  :  la  famine.   Il y eut  de moins en moins  de viande  et  les  mamelles  de  la  louve  devinrent  vides  et  sèches,  sans  lait.   Les  louveteaux  gémissaient  toute la journée  et  remuaient  de  moins en moins. Finis  les  jeux,  les bagarres  et  les  glissades  vers la lumière.

 

Le  père loup  était  très malheureux.  Il partait  tous les matins  pour de longues heures  mais  ne rapportait rien.  La  louve l’accompagnait  parfois,  laissant  les  petits  faibles et endormis.

 

Au  début,  le loup  avait  trouvé  des lièvres  pris  dans  les  pièges  des  Indiens  qui campaient  près  de la rivière.  Mais,  à  la fonte  des neiges,  les Indiens  étaient  partis  et  il n’y avait plus  de pièges.

 

Un  jour,  les  parents  loups  étaient  partis  plus  loin  et plus  longtemps.  Enfin,  ils  purent  ramener  de la nourriture.  Le  louveteau  gris  avala  un  peu de viande  et  commença  à  reprendre  des  forces.  Il se  rétablit,  mais  tous  les autres  petits  étaient  morts  de  faim.

 

3/

Un soir,  le vieux  loup  partit  à la chasse  mais  ne revint pas  à la grotte.  La louve  le chercha.  Vers le fleuve,  elle trouva  des  traces  du loup  et du lynx.  Elle  comprit  qu’ils  s’étaient  battus,  que le loup  avait perdu et  qu’il ne reviendrait  plus jamais.  Un  loup  seul  ne  peut  pas  battre  un  lynx.

 

Maintenant,  quand  la  louve  partait chasser,  le  louveteau  restait seul.  Il  savait  qu’il  ne devait  pas  sortir  de la grotte.  Il  sentait  que  c’était  dangereux.

Un jour,  le  petit loup  eu  très  peur.  Il fut  réveillé  par un bruit  bizarre  et  sentit  une  odeur  qu’il  ne  connaissait pas.  Son poil  se hérissa  et  il  tremblait.  C’était  un gros rat  qui  s’était  arrêté  à  l’entrée  de la  caverne.

Quand  sa mère  arriva,  elle  chassa  le rat  et  lécha  longuement  son petit  pour le consoler.

Le louveteau  grandissait,  devenait  beau et fort.  Son poil  était  épais et  brillant.  Ses muscles  neufs  lui donnaient  envie de  courir.

Un matin,  il désobéit  à sa mère  :  il se mit  en marche  vers la sortie.  Il  fut  ébloui  par la lumière.  Puis  il vit  toutes les couleurs  de la nature,  les arbres,  la  rivière  en bas,  la montagne  et le ciel.  Il s’assit  et  regarda.  Comme  il avait  un peu  peur,  il se mit  à  gronder.

Devant lui,  il y avait  une pente raide.  Mais  comme il  avait  toujours vécu  sur un sol plat,  il ne  savait pas  qu’il  risquait de  tomber.  Il avança  dans la pente,  et  soudain,  il bascula  la  tête  en bas.  Son  museau  cogna  brutalement  le sol et il roula  de plus en plus  vite  vers le bas  de la pente.  Il se mit  à crier  comme  un petit chien.

Mais  la pente  devenait  moins  raide,  le  louveteau  s’arrêta  de  rouler  sur  l’herbe.  Il  poussa  un  gémissement de peur  puis,  pour la première fois,   un  long  cri  d’appel.   Il se lécha  pour  se débarrasser  de la terre  qui le salissait.  Il n’avait  pas  mal  et  recommença  à regarder  autour de lui.

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4/

Le petit louveteau  était très curieux :  il  examinait  l’herbe,  les mousses,  les  plantes  qui  l’entouraient.  Un écureuil  vint courir  près de lui  et sa peur  se réveilla,  il recula  et gronda.  Mais l’écureuil  eut aussi peur  que lui  et  grimpa  rapidement  dans un arbre  d’où il poussa  des  cris aigus.

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Le  louveteau reprit  courage et  continua son chemin.  Il remarqua  qu’il y avait  des choses vivantes  et des choses  non vivantes.  Les premières  allaient et venaient  et pouvaient représenter  un danger.  Les secondes  restaient  toujours  à la même  place.

Il marchait  avec maladresse.  Il se cognait  contre des branches,  trébuchait  et se tordait  la patte.  Mais il apprenait  à devenir  de plus en plus  attentif.

Il découvrit  par hasard  un nid  de petits hérons.  Quand  il s’approcha,  les oisillons  s’agitèrent  et se mirent  à piailler.  Il trouva cela  très amusant.

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Il posa  la patte  sur l’un d’eux,  le flaira,  puis le prit  dans sa gueule.  Cela lui donna faim.  Il serra  ses mâchoires.  Les os fragiles  craquèrent  et du sang chaud  coula  dans sa gorge.  C’était bon.  La viande  était  semblable  à celle  que lui apportait  sa mère,  mais vivante  entre ses dents,  et donc  meilleure.

Il dévora  le petit héron  et toute la famille.

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Mais la mère héron arriva,  elle était furieuse  et lui donna  de violents  coups de bec.  D’abord,  il cacha sa tête  entre ses pattes  et hurla.  Puis la colère  le prit aussi.  Il se redressa,  gronda,  frappa  des pattes  et donna  des coups de dents.

 

C’était la première  bataille   du louveteau.  Au bout d’un moment,  les deux animaux,  de force égale  et épuisés,  abandonnèrent la lutte.

Le louveteau  alla  s’étendre  pour se reposer.  Il avait mal  partout.  Mais il sentit  un nouveau danger  au-dessus  de sa tête.  Un énorme  faucon  planait  dans le ciel.  Il se cacha  sous un buisson.  Mais  la pauvre mère héron  qui voletait  tristement  autour de son nid vide,  n’avait pas vu  le danger   qui la menaçait.

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Le petit loup  vit le faucon  descendre  à la vitesse de l’éclair,  saisir  l’oiseau  entre  ses griffes  puissantes  et  s’envoler  haut  dans les airs.

 

Le petit loup  quitta son abri.  Il venait  de recevoir  quelques bonnes leçons  pour sa survie.

Il savait  maintenant  que tout ce qui bougeait  était de la viande,  que ces choses vivantes  étaient  grosses ou petites,  que plus elles étaient grosses,  plus elles  étaient fortes  et plus  elles pouvaient  faire mal.  Il fallait donc  manger les petites  comme les  oisillons.  Il avait compris aussi  que la viande  qu’il chassait  était  la proie  d’autres  animaux  encore plus  puissants.

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Il découvrait  les lois de la nature.

 

 

 

5/

Le louveteau  arriva  au bord  de la rivière.  Il ne savait pas  ce que c’était  cette chose  liquide  et  glacée  qui brillait.  Il  voulut  sauter dessus  mais  il s’enfonça  en  poussant un cri.

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L’eau  était froide  et  rentrait  dans ses yeux  et dans  ses oreilles.  Il ouvrit  la gueule  pour respirer,  aussitôt,  l’eau  entra  dans  sa  gorge  et  ses  poumons.  Il étouffa.

Jamais  le petit loup  n’avait eu si peur.  Il ne savait  pas  ce  qu’était la mort,  mais comme  tous  les animaux,  il la  sentait  et il voulait vivre.

A force de  se débattre,  il arriva  à sortir  la tête de l’eau  et à respirer.  Il essaya de nager,  mais le courant  de la rivière  devint  très rapide.  L’eau  furieuse  l’emporta  très loin et  le  déposa  finalement  sur  la berge.

Ouf, le louveteau  avait  reçu  une nouvelle leçon  de la nature.  L’eau  n’était  pas une chose  vivante,  mais elle bougeait.  Elle n’était  pas solide,  mais elle était  dangereuse.  Il fallait  faire  très attention.

Le petit loup  avait aussi compris  qu’il avait besoin de sa mère.

Il était  très fatigué  et tombait  de sommeil.  Alors  il se mit à marcher  pour revenir  à la grotte.

Sur le chemin du retour,  il rencontra  une toute  petite  belette.  Il lui  donna  un coup  de patte.  Elle poussa  un petit cri  bizarre.  Le louveteau  entendit  un autre cri  aigu  et  en une  seconde,  il  vit  comme un éclair  jaune  et  sentit  des  dents  se planter  dans son cou.

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C’était la mère  belette  qui  s’enfuiyait  avec  son  enfant  pendant  qu’il  hurlait  de douleur.

Il comprit  alors  que  même une chose  vivante petite pouvait  être  dangereuse.

 

Il revint  lentement  à la grotte.

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La louve  fut tellement  heureuse  de le retrouver  qu’elle  le lécha  jusqu’à  ce  qu’il  s’endormit.

 

 

 

6/

Le  louveteau  grandissait.  Il  allait  se promener  tous  les jours  sans  se perdre.  Il  apprenait  à  mieux  reconnaitre  le danger.

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Il devenait  un vrai loup.  Il  attaquait  des animaux  pour les  manger.  Il  aimait  surtout  les écureuils.  Il  devenait  lui-même  un vrai  danger  pour les autres, un tueur  fier  et  courageux  comme  sa mère.

Mais  il  y  eut  une  nouvelle  période  de  famine  :   la  louve  et  son  fils  ne  trouvaient  plus  d’animaux  à  manger.   Ils  avaient  tellement  faim  que  la louve  décida  d’attaquer  des petits  lynx.  Elle  savait  que  la  mère  lynx  se  vengerait,  mais  elle  dévora  les  petits.  Et  elle  apporta  un  petit lynx  au  louveteau  qui  put  enfin manger.

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La  mère  lynx  arriva  à  la  grotte,  elle  poussa  un cri  terrifiant.

 

La  louve  repoussa  son louveteau  au fond  de  la  caverne.  Les  deux  mères  se  battirent  férocement.

Le  louveteau  aida  sa  mère  en  mordant  les  pattes  du  lynx.

Ils  gagnèrent  la  bataille  mais  ils  saignaient  beaucoup.  Ils  restèrent  plusieurs  jours  dans  la  grotte  pour  se  soigner.   Ils  mangeaient  du  lynx.

Le  louveteau  devenait  de  plus en plus  fort.  Il  comprenait  qu’il  devait  toujours se battre  :  se  battre  pour manger,  et  se  battre  pour ne  pas  être tué.

Il  était  heureux  de  faire  de  longues  promenades  et  de  remplir  son  estomac  avec  de la  bonne viande.

mackenzie

 

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